Kemi Seba, président de l’ONG Urgences Panafricanistes, n’a pas mâché ses mots concernant le monopole du Trésor français sur l’économie africaine. Il a exprimé sa position sur cette situation lors de son passage au journal télévisé de la chaîne nationale du Congo-Brazzaville.
Pour lui, l’euro est une monnaie beaucoup trop forte pour les économies locales, ce qui anéantit tous les processus de compétitivité ainsi que la balance commerciale des pays africains.
« Il y a quelque chose que nous n’avons pas encore réussi à faire et que nous devons réussir plus que jamais, c’est avoir un taux de change flexible. Pourquoi je dis ça ? Parce que le franc CFA, aujourd’hui, est arrimé à l’euro, et l’euro est une monnaie beaucoup trop forte pour nos économies locales. Cela anéantit tous les processus de compétitivité, et la balance commerciale des pays de l’Afrique de la zone franc est déficitaire, à l’exception d’un ou deux pays au sein de l’Afrique de l’Ouest francophone », a-t-il déploré.
De fil en aiguille, Kemi Seba a révélé que le président français Emmanuel Macron, dans une logique néocoloniale, chercherait à récupérer le projet initial des pays de la CEDEAO : le projet ECO, qui visait à instaurer un taux de change flexible.
« Il veut, quelque part, avoir à travers l’ECO une sorte de franc CFA déguisé, avec toujours un taux de parité fixe avec l’euro, et nous nous battons contre ça. En Afrique centrale, le débat étant cité, la Banque de France possède encore les comptes d’opérations. Cinquante pour cent des réserves de change sont déposés sur un compte d’opérations du Trésor français, et il y a un représentant du Trésor français à l’intérieur des pays d’Afrique centrale. C’est quelque chose qu’on n’accepte pas. Donc, nous nous mobilisons tous… », a-t-il condamné.
Face à cette situation, il appelle les dirigeants africains à prendre leurs responsabilités en matière de souveraineté monétaire, soulignant que la France ne peut plus imposer ses obligations.
« Je profite de cette allocution pour lancer un appel à tous les dirigeants africains en leur rappelant que leurs ennemis, ce ne sont pas leurs concitoyens, ce n’est pas la population, ce ne sont pas leurs administrés. Leurs adversaires, ce sont les puissances néocoloniales qui veulent assujettir leur peuple… », a-t-il conclu.
La Rédaction